L’empreinte est définie comme le processus par lequel un jeune animal suit les caractéristiques de son parent après l’éclosion. Cela fait un grand divertissement dans le monde de la bande dessinée; imaginez un chien qui fait éclore accidentellement un nid d’œufs pour se retrouver « maman » d’une volée d’oisillons qui le suivent partout! En tant que parents, nous savons que nos enfants imitent nos actions, souvent donnant des résultats amusants. Je souris toujours en repensant comment un de mes enfants avait observé comment je me lèche le doigt pour tourner les pages de mon livre.  Pour ne pas être en reste, il se mit à lécher le doigt de sa main droite et, la tenant en l’air, tourna la page avec sa gauche. Il n’avait peut-être pas tout à fait compris, mais j’ai réalisé à quel point mes enfants m’observent.

En tant que parents, nous sommes souvent envahis par des sentiments de culpabilité. Les avons-nous bien préparés? Les avons-nous bien enseignés? Répondons-nous à leurs besoins? Vont-ils un jour se retrouver en thérapie à blâmer leur mère? Peut-être que ce n’est que moi, mais la pensée m’a effectivement traversé une ou deux fois. Le rabbin A. Twersky, dans son commentaire sur la paracha de cette semaine, souligne que, même si nous pouvons être envahis par des sentiments de culpabilité, nous essayons également d’élever nos enfants comme nous avons été élevés dans un monde qui ne ressemble en rien à celui d’il y a une génération. « Lorsque les parents ont été bien guidés et ont été dévoués à leurs enfants, il n’y a aucune raison qu’ils ressentent de la culpabilité, écrit-il. Les parents ne peuvent faire que ce qu’ils peuvent. Ils n’ont aucun contrôle sur les résultats. » Si nous ne pouvons pas contrôler les résultats et ne pouvons pas contrôler l’environnement, que devons-nous faire? Je suggèrerais prendre exemple sur Avraham Avinou en ce qui concerne l’éducation des enfants.

Au début de parachat Vayéra, Abraham accueille ses invités dans le passage connu de Hakhnasat Orkhim. Il veille à tous leurs besoins physiques, leur offre à manger et à boire en abondance, leur fait découvrir toutes sortes de mets délicieux, allant au-delà de toutes les attentes. Il y a un petit point, cependant, qui est parfois ignoré, probablement en raison de sa nature choquante.  Avraham Avinou a en fait dit à Hachem « attend un instant », s’est éloigné de la Shekhina pour aller accueillir les voyageurs. Non seulement, Abraham s’en tire ainsi, mais Hachem exprime même son amour pour lui un peu plus tard. Le Talmud explique qu’accueillir ses invités est une mitsva plus grande que d’accueillir la Shekhina.

Le Rambam indique qu’il existe deux formes de hesed : subvenir aux besoins du prochain et chercher des moyens d’être utile. Dans le premier cas, le hesed ne peut être exprimé que lorsque quelqu’un est en manque.  Dans le second, le hesed devient un moyen de faire le bien pour aider les autres. C’est le mode de hesed exprimé par Avraham Avinou. Ce faisant, il imite Hachem et le dirige ainsi vers lui. La connexion externe avec Hachem par la prière ou même la prophétie n’est qu’une partie de l’équation. En l’espèce, Kayin, qui a parlé directement à Dieu, a fini par tuer son frère. En imitant la gentillesse de Hachem, en veillant aux besoins des autres et en se mettant à leur disposition pour les aider, on devient méritant de l’amour de Hachem.

Alors comment devons-nous transmettre ces valeurs à nos enfants? La réponse est simple, en les pratiquant nous-mêmes. Dans la même paracha, la Torah enseigne que le caractère de Lot était au mieux suspect, comme l’expose Rachi : « Je (Lot) ne veux ni Abram ni son Dieu ». Pourtant, après avoir été exposé à Abraham dans sa jeunesse et avoir été témoin du Hakhnasat Orkhim, Lot a intériorisé cette forme de hesed et l’a même pratiquée alors que cela posait un gros risque pour lui et sa famille. De plus, l’exposition aux leçons du hesed a cultivé en lui le désire de faire ce qui est bien. C’est pour cette raison qu’il a protégé Abraham et Sarah de Pharaon lorsqu’Abraham a dit à ce dernier que Sarah était sa sœur et non sa femme. Cet acte, celui d’aller au-delà de lui-même pour le bien d’un autre, lui a valu, ainsi qu’à sa famille, d’être sauvé de la destruction de Sodome (Berechit Rabbah 51:8).

Avraham Avinou était l’un des plus grands hommes qui ait jamais vécu, aimé de Dieu et le père de toute une nation. Qu’est-ce qui l’a fait si grand qu’il ait bénéficié de l’amour de Hachem? La réponse est la suivante :

« Si je l’ai distingué, c’est pour qu’il prescrive à ses fils et à sa maison après lui d’observer la voie de l’Éternel, en pratiquant la vertu et la justice » (Berechit 18:19). La qualité qui suscite l’amour de Hachem pour Abraham est sa capacité à enseigner. Rachi définit le hinoukh, qui apparaît pour la première fois dans cette paracha, comme « mettant en marche un processus qui durera longtemps ». Plus souvent traduit par « éducation », le hinoukh implique de se lancer dans le processus de toute une vie. Dans Peninim sur la Torah, les auteurs écrivent: « La véritable perspective de chacun sur la vie se reflète dans ce qu’il enseigne à ses enfants ». Pour Avraham Avinou, ces leçons sont le monothéisme, le hesed and la bienveillance.  Nos enfants observent et écoutent toujours tout ce que nous disons et faisons. En tant que parents et éducateurs, nous « mettons en marche un processus pour toute une vie ». Puissions-nous avoir le mérite d’être mékhanikhim comme Avraham Avinou.

Chabbat Chalom,

Dre Laura Segall
Directrice de l’école

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