Par Dr. Kalman Stein, Directeur de l’école

La semaine dernière, le Rabbin Shostak a écrit aux membres de la communauté de l’Académie Hébraïque concernant les diverses manières de venir en aide aux milliers de victimes de l’ouragan Harvey au Texas. J’espère que vous allez mettre en œuvre une ou plusieurs de ses suggestions. Je ne vous ai pas écrit la semaine dernière parce que je ne croyais pas avoir quelque chose d’intelligent et inspirant à dire pendant que nous étions témoins d’une telle tragédie. Ce Shabbat, le Rabbin de la synagogue que je fréquente au New Jersey, le Rabbin Yosef Adler, a prononcé un magnifique discours sur cette catastrophe et les leçons que nous pouvons en tirer. Je tiens à vous partager ses paroles en espérant que vous les partageriez avec vos enfants.

Plusieurs d’entre vous savent que le Rabbin Soloveitchik zts’l a enseigné qu’il est inutile d’essayer de comprendre pourquoi les catastrophes, autant personnelles que communautaires se produisent, mais que nous pouvons, nous devons, en tirer des leçons importantes. En effet, on le sait tous que lorsqu’une personne déclare qu’elle sait pourquoi D. a déclenché une catastrophe sur une communauté particulière, ceci est non seulement insultant et blessant pour la communauté, mais c’est aussi une façon de promouvoir sa propre position ou son idéologie en affirmant que c’est une punition de D. de ne pas avoir suivi son chemin. (Je suis certain que malgré ce qui a été dit la semaine dernière, l’ouragan Harvey n’est pas une manifestation de la colère de D. envers les habitants du Texas pour avoir voté pour Donald Trump l’année dernière.)

Le Rabbin Shimshon Raphael Hirsch, le rabbin orthodoxe le plus important de l’Allemagne du 19e siècle, a fait remarquer que le mot hébraïque למה, qui se traduit toujours par « pourquoi », veut seulement dire pourquoi lorsque l’emphase est mis sur la première syllabe et l’on le prononce comme La-ma. Cependant, quand est-ce que le mot doit être prononcé avec l’emphase sur la deuxième syllabe, La-ma pour signifier « pour quelle raison »? Malheureusement je ne suis pas un assez bon linguiste pour pouvoir bien répondre à cette question. Ceci dit, le fameux verset des Tehilim עזבתני למה קלי קלי, ne veut donc pas dire « Dieu pourquoi est-ce que tu m’as abandonné? En vérité, il se traduit par « Dieu, pour quelle raison m’as-tu abandonné? » Dans d’autres mots, que puis-je apprendre de ce qui m’arrive, et que dois-je faire.

À l’automne 1961, le Rabbin Norman Lamm, dans le temps un jeune rabbin à Springfield au Massachusetts, a prononcé un discours devant sa congrégation suite à une tempête qui a ravagé la Nouvelle-Angleterre. Le Rabbin Lamm n’a pas tenté d’expliquer pourquoi il y a eu une tempête qui a engendré une souffrance terrible. Au contraire, il a proposé trois leçons importantes qu’on pourrait tirer d’une catastrophe naturelle.

La première leçon est que nous devons cesser d’être arrogants. En tant qu’humains, nous  avons atteint un niveau où nous pensons souvent que nous avons vaincu la nature. Dans un passé pas si lointain, on aurait cru que la vitesse extraordinaire à laquelle nous voyageons et nous communiquons aujourd’hui fut tirée d’une œuvre de science-fiction. Nous avons vaincu plusieurs maladies et l’espérance de vie s’est vue sensiblement allongée. Nous vivons dans un monde en évolution constante et nous sommes convaincus que la science et la technologie seront bientôt capables d’arranger, de créer et d’empêcher n’importe quelle situation. Pourtant, lorsqu’il y a une tempête ou un ouragan, nous devenons des toutes petites créatures impuissantes que la science moderne et la technologie ne peuvent protéger. Ceci est ce que le Rav Kook ztsl avait à l’esprit lorsqu’il a expliqué que le point des Psukai D’Zimra que nous récitons tous les matins n’est pas de louer Dieu, il n’a pas besoin de nos louanges. Par contre, en racontant la grandeur de sa maîtrise sur la nature  ודבר עושה סערה רוח nous nous souvenons combien nous sommes dépendants de D. pour chaque respiration que nous prenons et pourquoi il est important pour nous de commencer chaque jour avec la prière et de demander que nos besoins soient comblés.

La deuxième leçon proposée par le Rabbin Lamm est que ces événements servent à nous rappeler de l’étincelle de Chessed que Hashem a enraciné dans chacun de nous. Je suis certain que vous étiez aussi touchés et impressionnés que moi de voir et d’entendre parler des personnes qui ont risqué leurs vies et qui ont  tout fait pour venir en aide à leurs voisins et aux étrangers. L’image des dizaines et des dizaines de voitures et de camions qui tiraient des remorques à bateau afin de participer aux opérations de sauvetage furent véritablement inspirantes. Nous devons être fiers de nos élèves d’avoir amassé des fonds pour les victimes et d’avoir fourni un support moral aux étudiants à Houston. Nous devons aussi être fiers des organismes juifs comme NCSY et la Yeshiva University qui ont envoyé des bénévoles à Houston pour aider dans le long travail de rétablissement et de reconstruction.

Finalement, la Gemara dans Berachot (59a) nous dit que lorsque Hashem pense au statut malheureux du peuple d’Israël en exil, il verse une larme dans la grande mer. Les réverbérations de ces larmes se font ressentir à travers le monde entier comme des Zeva’ot, ce que la Gemara explique sont des tremblements de terre. Ces moments terribles de déchaînement de la nature sont conçus pour rappeler à l’humanité que même si nous nous concentrons sur une catastrophe en particulier, il y a toujours une forme de souffrance humaine qui a lieu tous les jours, que ce soit la pauvreté, l’itinérance, la violence conjugale, etc. Même lorsqu’il n’y a pas de gros reportages aux nouvelles. La leçon, bien évidemment, est de ne pas seulement se rallier à la cause lorsque des victimes de tempête ou de tremblement de terre ont besoin de notre aide. Il faut absolument se sensibiliser et tenter d’atténuer la misère humaine de façon quotidienne, pas seulement lors des catastrophes qui sont présentées aux bulletins de nouvelles.

Nous ne pouvons pas savoir ce que Hakadosh Baruch Hu avait en tête la semaine dernière lorsque l’ouragan Harvey a ravagé les maisons, mais nous pouvons nous améliorer en tant qu’individus et faire preuve de plus de compassion et de crainte de D. si nous essayons d’apprendre de cette catastrophe.

Que nous soyons tous comblés d’une bonne et heureuse année, en santé dans laquelle D. nous bénira ainsi que le monde entier, de paix, d’harmonie et des splendeurs de la nature.

 

 

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