Tous les ans, pendant les Hagim, je suis impressionnée de voir le nombre de programmes organisés pour les enfants. Mes propres enfants ont souvent participé à ces groupes et j’étais ravie de les avoir. L’ADN des enfants est composé de quelque chose qui leur donne le don de choisir le moment le plus inapproprié pour gémir, de crier ou de partager des secrets de famille d’une voix pas si douce devant toute la congrégation. C’était beaucoup plus facile de les amener au programme. Ils continuaient d’aller à la synagogue, apprenaient quelque chose, repartaient ayant obtenu une expérience et maman ressortait soulagée.

Dans la paracha de cette semaine, nous apprenons la mitsva de « Hakhel » selon laquelle tous les membres du peuple juif devaient se réunir à Jérusalem une fois tous les sept ans, à la suite de l’année chmita/sabbatique pour une lecture commune de la Torah. « Rassemblez le peuple – les hommes, les femmes et les jeunes enfants… » (Dévarim 31:12).

Vraiment? Les enfants aussi? Un événement mémorable comme un tel rassemblement où le roi, pas moins, lirait la Torah au peuple, un événement que la nation attendait depuis sept ans et il nous est demandé d’amener même nos tout-petits? Le Midrach pose la même question, mais pas avec l’inflexion d’une mère hagarde: pourquoi inclure les enfants? Chazal enseigne que « les hommes venaient pour apprendre; les femmes pour entendre; et les enfants pour récompenser ceux qui les avaient amenés. » (Hagiga 3a) Quelle récompense possible pourrait-il y avoir?

Nétivot propose une réponse logique. Si tout le monde se rendait à Jérusalem, qui allait s’occuper des enfants? Donc, il fallait les emmener. À cela, le rabbin E. Safran ajoute cette citation de Pirké Avot : « Lefoum tsa’ara agra » (la récompense correspond à l’effort, ou plus simplement, « on n’a rien sans rien »). Les parents seront certainement récompensés pour avoir traversé cette épreuve! Certainement, ça ne peut être si simple ou trivial pour avoir été mentionné dans la Torah.

La réponse, semble-t-il, est en fait assez simple et belle. Même si les enfants ne suivent pas ce qui se passe à Hakhel ou ne comprennent pas ce qui est lu, leur présence au milieu de la sainteté aura un impact sur eux à long terme. La Guémara abonde d’histoires telles que celle du Rav Yehoshoua ben Hanania dont la mère emmenait le berceau au Beit Midrach pour que son fils puisse entendre les sons de la Torah. Reb Yerouham et le Sefat Emet suggèrent qu’exposer les enfants à une expérience aussi positive avec le temps sera source de récompense. Leur compréhension inhérente de l’influence de l’environnement sur la vie religieuse des enfants était très certainement en avance sur son temps.

En mars 2019, le Jewish Education Project a publié les résultats de son étude auprès de 18 000 adolescents répartis dans 14 organisations juives différentes pour déterminer qui est la jeunesse juive d’aujourd’hui. Leurs données ont montré que l’expérience la plus positive des enfants en matière d’engagement juif est l’habitude de passer les fêtes en famille. Être juif, selon les enfants, est une chose faite avec la famille. En outre, les enfants ne reflètent pas seulement leur pratique religieuse à la maison, ils envisagent également la même pratique pour l’avenir.

Une recherche sur Google de la question « Mes petits-enfants seront-ils juifs? » a généré près de 6,5 millions d’entrées. De toute évidence, c’est une question qui préoccupe beaucoup les gens, notamment dû au fait de de vivre dans la diaspora avec les influences culturelles constantes subies par nos enfants.

Je pense que le Rabbin Yissochar Frand l’a si bien dit : « Les parents qui s’efforcent de placer leurs enfants dans un bon environnement – même si à l’époque les efforts semblent vains – seront finalement récompensés, sous la forme d’enfants bien développés spirituellement. C’est ce que nos Sages veulent exprimer lorsqu’ils disent “donner une récompense à ceux qui les apportent” ».

Alors que les fêtes de Tishri approchent, nous devrions tous prendre le temps d’inclure nos enfants dans les offices et dans l’étude et de les rejoindre dans leurs jeux. Nos enfants nous observent et absorbent chaque mouvement et chaque parole. Nous leur devons de leur offrir une expérience spirituelle positive afin de pouvoir récolter la récompense, le nahat, de les voir grandir pour mener une vie réussie et juive.

Chabbat Chalom et G’mar Hatima Tova,

Dr. Laura Segall
Diréctrice de l’école

Share This