Il y a quelques semaines, un de mes enfants m’a montré un mème de Michael Phelps nageant dans l’une des compétitions où il a remporté une médaille. Le titre indiquait quelque chose dans le sens de « Qu’est-ce qui fait un champion? » Mais c’était la différence entre Phelps et son concurrent qui était remarquable. Alors que Phelps regardait devant lui, l’œil sur le prix, gardant une forme parfaite, le concurrent, le traînant de quelques centimètres, a perdu sa forme en regardant où se tenait la compétition. Les deux hommes étaient confrontés au même défi, mais leurs approches étaient assez différentes dans un aspect essentiel : le concurrent de Phelps a eu un moment de doute tandis que le champion a tenu bon, allant de l’avant avec ce qu’il savait faire le mieux. Le doute, cet exemple de dissonance cognitive, que ce soit par peur ou par insécurité, peut faire la différence entre gagner ou perdre. Comme l’a décrit un psychologue, il existe quatre réponses possibles au doute : se battre, fuir, se figer ou prier. Le doute est inévitable, mais notre choix de réponse est la clé du succès.
Dans parachat Bechalah, les Bené Israël sont en difficulté. Libérés de l’esclavage, ils se retrouvent maintenant avec les Égyptiens à leur poursuite, la mer devant eux, le désert tout autour et leur chef, Moshé, en pleine prière. Il faudrait une foi très forte et une spiritualité profonde pour apaiser leurs doutes croissants. Nos sages enseignent que le peuple s’est réellement divisé en quatre groupes, chacun adoptant une approche différente face à la situation à laquelle il était confronté. Un groupe a voulu se jeter à la mer, se référant à la Torah. Ils ont choisi essentiellement de fermer les yeux sur ce qui se passait. Le deuxième groupe était prêt à se rendre aux Égyptiens. La cause est perdue, autant abandonner! Le troisième groupe a pris l’attitude que s’ils allaient être vaincus, ce ne serait pas sans se battre. Le dernier groupe s’est tourné vers Hachem en prière, choisissant de traiter la situation d’une manière purement spirituelle. Étonnamment, Hachem a rejeté les quatre approches. En fait, Il dit même à Moshé : « Pourquoi m’implores-tu? » (Chemot 14:15) Le Midrash Rabbah poursuit : « Mes enfants ont déjà prié et Je les ai entendus ». Rachi suggère que Hachem en quelque sorte châtie Moshé pour dire que, alors que son peuple est dans une situation désespérée, pourquoi leur leader se tient-il ici à prier longuement? « Il y a un moment pour prier longuement et d’autres où l’on doit prier rapidement. » Hachem dit à Moshé que c’est le moment d’agir et non pas de prier. « Et en tout cas, l’issue de cette situation ne dépend pas de toi mais de Moi. Quant à savoir quoi faire : parle aux Israélites et laisse-les avancer! » (Likutei Sichot).
Face à ce formidable défi, les Bené Israël sont informés que la réponse n’est pas de fuir la réalité ni de s’en soumettre, ni qu’elle réside dans le domaine de la spiritualité. La réponse est d’aller de l’avant. « Et lorsque vous avancerez… vous verrez la menace disparaître » (Rabbi de Loubavitch). Le Rav David Milston de Midreshet Harova résume assez succinctement l’intention de Hachem dans un récent chiour : « Ceci n’est pas acceptable. Cette fois, il faudra prendre de l’initiative. Vous commencerez à avancer et alors seulement j’interviendrai ». Après tous les miracles dont les Bené Israël ont été témoins, après avoir vu le « bras fort » avec lequel Hachem les a sorti d’Égypte, il aurait été trop facile de compter sur Lui pour s’occuper de tout.
Il y a un adage bien connu selon lequel D. aide ceux qui s’aident eux-mêmes. Nous l’avons d’abord appris de Ya’acov Avinou alors qu’il se préparait pour sa rencontre avec Esav. Il avait trois stratégies à disposition, anticipant chaque éventualité possible, l’une incluant la prière. Le rabbin Beryl Wein l’a dit le mieux : « Pour accomplir des choses dans la vie, que ce soit spirituel ou matériel, cela exige de l’effort, de la planification, du dévouement et de l’assiduité ».
La émouna ou foi est de faire face à nos défis de front, délibérément, avec une prévoyance et une planification, tout en sachant qu’en fin de compte, les choses s’arrangeront comme elles se doivent puisque Hachem est le décideur ultime. Nous sommes tous beaucoup plus forts que nous ne le croyons. Nous avons des dons et des ressources intérieures que nous devons apprendre à développer et à exploiter et nous devons aller de l’avant, peu importe à quel point cela peut sembler effrayant ou intimidant. Au final, ce n’est jamais aussi mauvais que ça semblait et en vérité, nous n’avons jamais été seuls!
Chabbat Chalom,
Dre Laura Segall
Directrice de l’école