Il est 11h30 et les enfants ont le nez collé à un écran, attendant d’obtenir les résultats de la Quête Finale au classement. Des acclamations éclatent d’un coin de la salle alors que les Superstars sont déclarées gagnantes avec un score final de 19 sur 20.

On dirait un dimanche typique avec des adolescents rassemblés autour de la console de jeux. Sauf qu’on est lundi et que les enfants sont des élèves de 2e année et qu’ils sont collés à une feuille Google sur le Smart Board.  La Quête Finale est en fait un devoir de classe et les Superstars sont une des cinq équipes nommées par les élèves qui s’affrontent régulièrement dans des défis amicaux créés par leurs professeurs d’anglais, Mme Renée Pervin et Morah Elyse Haber. Tout cela est dans le cadre de la ludification de I’éducation qui est en train de prendre d’assaut l’Académie Hébraïque.

« La ludification utilise des éléments ressemblant à des jeux en classe qui peuvent être appliqués à n’importe quel sujet », explique Mme Renée, qui met en œuvre la ludification à l’AH depuis trois ans. « La ludification est une extension de ce que nous apprenons déjà. Je crois que certains doivent se demander comment nous faisons pour terminer le programme si nous passons notre temps à faire des jeux et à nous amuser. Mais ça fait partie du programme. »

Mme Renée a découvert la ludification pour la première fois lors d’un atelier en ligne et a été inspirée par son potentiel pour engager et motiver les élèves en plus d’autres objectifs. Elle a fait un suivi avec un livre et des vidéos sur l’approche, puis l’a mise en œuvre dans sa classe de 4e année avec un conseiller de Better Lesson, une organisation qui encadre des professeurs de l’AH grâce à une subvention de la Fondation Avi Chai. Mme Renée est finalement devenue si habile dans la mise en œuvre de la ludification en classe qu’elle a réalisé des présentations sur le sujet aux autres membres de Better Lesson en juin dernier.

« La ludification permet aux élèves de collaborer et elle est excellente pour l’engagement des élèves et la pensée critique », a-t-elle déclaré. « Ça motive les élèves à s’impliquer davantage et à participer activement en classe. Un élève qui a tendance à s’effacer en classe et à ne pas s’impliquer pourrait briller dans ce genre de contexte; s’il est très créatif ou possède des dons artistiques, il pourrait se sentir plus à l’aise pour montrer ses capacités au sein d’un groupe plus restreint. »

En plus d’encourager les élèves à s’impliquer, les jeux présentent un autre avantage: ils facilitent la différenciation, une philosophie éducative qui reconnaît qu’une instruction efficace ne peut être une solution universelle. Le but de la différenciation est de faire de l’apprentissage une expérience de collaboration active et de favoriser l’apprentissage basé sur les capacités, les intérêts ou les préférences, avec l’enseignant comme facilitateur.

« Avec la ludification, les élèves choisissent les activités qui les intéressent et celles auxquelles ils se sentent à l’aise de participer », a déclaré Mme Renée. « Les activités varient de niveau; certaines sont difficiles, d’autres le sont un peu moins. Il y en a pour tous. Je sais que ça marche quand les élèves qui trouvent tout facile ont soudain l’air perplexe. C’est le meilleur sentiment, car ce sont parfois les élèves les plus difficiles à impressionner. Je veux qu’apprendre soit amusant pour tous. »

Avant d’entamer une unité, Mme Renée et Morah Elyse divisent leur classe en équipes. Pendant qu’elles avancent dans leurs leçons, les enseignantes introduisent les Superquest, des activités sur le programme que les élèves peuvent entreprendre lorsqu’ils ont terminé leur travail en classe. Un élève de la 2e année qui termine trois activités Superquest, par exemple, collectionne trois points de plus pour son équipe. Dans les classes de 4e année de Mme Renée et de Mlle Arielle Magid, les élèves collectionnent une lettre pour chaque Superquest complété qui finit par révéler un mot mystère.

« Pour ajouter une couche de plus au Superquest, les élèves doivent déchiffrer les lettres qu’ils ont reçues pour deviner le mot mystère », a déclaré Mme Renée. « Les élèves doivent travailler fort pour que leurs points soient ajoutés au classement. »

Une activité Superquest peut être une activité de maths ou d’anglais sur un concept que les enseignants souhaitent renforcer.

« Si nous travaillons sur différents styles d’écriture, un Superquest pourrait consister à écrire une lettre ou un poème amical à propos d’un personnage tiré d’un livre », explique Mme Renée. « L’idée est de rendre ce que vous apprenez déjà en classe amusant, engageant et motivant pour que les élèves veuillent faire autant que possible. Les Superquest sont super populaires! »

Une fois par semaine, les enseignants organisent un défi du vendredi (Friday Challenge), « une activité spéciale qui renforce notre apprentissage et qui représente un autre moyen pour son équipe de gagner des points » remarque Mme Renée.

Chaque défi est unique. Les élèves peuvent avoir à répondre à des questions Jeopardy, avoir une course Task Card ou faire une chasse au trésor, par exemple. Après quatre ou cinq défis du vendredi, les équipes se voient confier la tâche la plus excitante : le Final Quest, un projet qui intègre tous les concepts enseignés pendant le trimestre.

« Elyse et moi créons un projet que nous pensons être significatif pour les enfants, avec un élément du monde réel dans un cadre plus grand, qui met en valeur les compétences qu’ils ont acquises. Les équipes ont récemment été invitées à participer à un projet de construction. Il y avait beaucoup d’anticipation à ce sujet. »

Au début de novembre, pour la finale de la 2e année (Final Quest), les équipes ont reçu une lettre « composée » par le maire de CSL, Mitchell Brownstein, leur demandant de l’aider à concevoir un nouveau terrain de jeu entourant des arbres du parc Trudeau. Le maire a présenté une liste des éléments requis que les équipes devaient inclure dans leurs parcs modèles et a précisé les matériaux à utiliser pour la construction d’objets d’art et d’artisanat.

« Nous lisons des livres de Lisa Campbell Ernst en classe, et nous venons de lire Squirrel Park, dont le thème est similaire », a précisé Mme Renée. « Elyse et moi avons enchaîné de là vers les concepts mathématiques sur lesquels nous avions travaillé, tels que les motifs répétitifs et croissants, et l’estimation.»

Les résultats ont été fabuleux : les élèves ont divisé les tâches de manière indépendante et ont utilisé leurs compétences respectives pour créer de magnifiques maquettes vibrantes reflétant leur force en tant qu’unité. Les équipes ont été évaluées en fonction de leurs efforts, de leur créativité, du respect de leurs pairs et de leur capacité à suivre les instructions, avec un groupe émergeant en tête. Les élèves sont extrêmement fiers de leurs projets et « pourraient même inviter le maire Brownstein à venir les consulter. Peut-être s’en inspirera-t-il! »

Pour Mme Renée et Morah Elyse, « Le meilleur aspect de la ludification, ce sont tous les niveaux différents. Nous pensons toujours à de nouvelles couches – des moyens d’ajouter encore plus de plaisir au jeu. Cette année, nous avons introduit Sidequest, une extension d’un défi en classe qui peut être complété à la maison tout en offrant la possibilité d’apprendre davantage et d’accumuler des points pour l’équipe. De plus, pour maintenir leur intérêt, une fois que les équipes ont accumulé un certain nombre de points, elles reçoivent un badge. Chaque badge donne droit à quelque chose de plus aux équipes, par exemple, du temps supplémentaire ou du matériel supplémentaire fourni pour leur Final Quest. Tous ces niveaux servent à maintenir le dynamisme du jeu et à rapprocher les équipes. »

Morah Elyse, qui est également directrice des études anglaises et de l’intégration de la technologie au primaire, partage cet avis: « La ludification est nouveau pour moi cette année et je suis ravie de voir à quel point mes étudiants l’apprécient. Les regarder travailler en équipe, s’encourager et s’entraider est quelque chose de vraiment spécial. Cette année, la ludification a eu lieu dans beaucoup de nos classes et nous sommes tous reconnaissants à Renée d’avoir mis en place ce programme spécial! »

Cliquez ici pour plus de photos.

 

-par Aviva Engel, Directrice de la Communication

 

Share This