Lorsqu’il s’agit d’enseigner les mathématiques, les enseignantes de la 6e année de l’Académie Hébraïque Sheri Gray et Lauren Thurber ont une longueur d’avance. Elles ont développé un programme unique d’autoformation de mathématiques qui a eu beaucoup de succès auprès des élèves. Elles ont même eu la chance de partager leur programme lors d’un atelier au dernier congrès annuel de l’APEQ (Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec).

À une époque où l’on applique de plus en plus l’enseignement différencié dans les trois langues au primaire de l’Académie Hébraïque, le programme de Mme Gray et Mme Lauren – qui se nomme Math Quest ou Super Mathio selon à qui on s’adresse – est le parfait exemple de cette méthode d’enseignement. La philosophie pédagogique de l’enseignement différencié reconnait que l’enseignement traditionnel ne peut servir de solution universelle dans une classe avec un grand nombre d’élèves. L’enseignement différencié vise également à transformer l’apprentissage en une expérience active et collaborative. Plutôt qu’observer un enseignant debout devant la classe, les élèves travaillent et apprennent les uns des autres, parfois dans des « communautés » basées sur les capacités, les intérêts ou les préférences d’apprentissage, avec l’enseignant comme animateur. Le travail d’équipe est flexible et peut porter sur la leçon ou les objectifs d’apprentissage de l’enseignante d’une journée en particulier.

En 2015, Mme Gray a lancé le programme d’autoformation de mathématiques dans sa classe de sixième année, qu’elle a ensuite perfectionné avec Mme Lauren au cours des dernières années.

Comme les deux l’expliquent, elles ont vu le besoin d’une « nouvelle approche pédagogique qui engage tous les élèves, qui leur offre plus de choix, qui permet d’appliquer la différentiation en classe, qui augmente l’accès à l’apprentissage en petits groupes, qui intègre la technologie et qui développe les compétences du 21e siècle. »

À l’exception de leurs noms différents, les programmes sont identiques. Mme Gray et Mme Lauren enseignent le programme dans leurs classes respectives et les élèves abordent les sujets à leur propre rythme, réfléchissent sur leur compréhension et planifient ensuite leurs prochaines étapes. Les enseignantes servent d’animateurs, elles guident toute la classe, tout en se concentrant sur les élèves nécessitant plus d’aide et d’attention.

« Nous utilisons l’acronyme WARP avec nos élèves », dit Mme Grey. Celui-ci signifie Work Independently, Assess your learning, Record your score and Plan your next step.

Chaque unité est divisée en huit leçons portant sur de nombreuses notions. Lors de la première leçon, qui se nomme instruction, les élèves peuvent regarder un petit tutoriel en ligne, lire une leçon dans le manuel scolaire, ou avoir une rencontre individuelle ou en petit groupe avec l’enseignante. Parfois, les enseignantes peuvent aussi donner une courte leçon en classe.

« Les élèves adorent regarder les vidéos parce qu’ils peuvent l’arrêter, retourner en arrière et reprendre au besoin », dit Mme Lauren. « Ils ne peuvent pas faire ça avec un professeur. Les enfants peuvent aussi résoudre un exemple suite au visionnement de la vidéo. »

Les élèves pratiquent ce qu’ils apprennent (étape 2) en faisant des exercices et des activités dans leurs cahiers d’exercices ou en jouant des jeux en ligne. Ensuite, ils comparent leurs réponses avec ceux qui ont été publiés en ligne et font le point avec leur enseignante pour montrer qu’ils ont maitrisé le concept (étape 3). Une fois qu’ils reçoivent l’approbation de l’enseignante, les élèves partagent leurs réflexions sur ce qu’ils ont appris (étape 4) en enregistrant une vidéo sur Flipgrid, une plateforme qui permet d’enregistrer des discussions qui seront partagées avec ses camarades de classe et ses enseignants.

Comme l’expliquent Mme Gray et Mme Lauren, « quant aux réflexions des élèves, nous leur posons des questions plus poussées. Par exemple, lorsqu’ils apprennent les fractions, on peut demander aux élèves de donner un exemple réel d’une fraction ou d’expliquer comment ils peuvent comparer deux fractions. Cette étape fournit aux élèves un espace de réflexion et l’occasion d’articuler ce qu’ils ont appris. On demande également aux élèves de réfléchir aux mesures qu’ils prendront pour réussir le test à la fin de l’unité.”

Tout au long du processus, les élèves peuvent évaluer leur progrès par rapport à celui de leurs pairs via un document partagé sur Google Classroom. Il y a également un babillard ressemblant un jeu de société dans chaque classe qui affiche le progrès des élèves de manière amusante et non compétitive.

Une fois que les élèves se sentent prêts et ont montré aux enseignantes qu’ils ont maitrisé les compétences en question, ils avancent à la dernière étape : l’évaluation.

« Les élèves planifient leurs propres dates d’examen », ont déclaré Mme Gray et Mme Lauren. « Ceux qui ont terminé leur évaluation peuvent passer à des activités d’enrichissement qui peuvent comprendre la conception d’une affiche expliquant un concept, la conception d’un jeu de mathématiques pour la classe ou la recherche d’un sujet du point de vue des mathématiques, par exemple expliquer le changement climatique en utilisant des graphiques et des tableaux. »

En plus de développer les compétences métacognitives et de fonction exécutive comme l’autoévaluation, l’organisation, la mémoire et la planification, les enseignantes notent que le programme prépare aussi les élèves pour le secondaire, où ils travailleront de manière plus indépendante.

« J’aime faire les mathématiques à mon propre rythme parce que si tu es plus rapide tu peux avancer plus rapidement et vice versa » dit Ayelet Scheier, élève dans la classe de Mme Grey. Ayelet passe souvent le test unitaire avant ses camarades et a complété plusieurs projets d’enrichissement depuis le début de l’année. Elle développe présentement un jeu interactif sur la division et les fractions sur la plateforme Web Kahoot. Elle présentera sous peu le jeu à sa classe.

« Les projets d’enrichissement nous permettent de présenter nos propres idées aux autres, sans avoir à devenir professeure » a dit Ayelet.

Ce qui est le plus remarquable, c’est la mesure dans laquelle les élèves ont été habilités par le programme d’autoformation. « Les élèves prennent en charge leur propre apprentissage », a dit Mme Gray. « Grâce à cela, ils acquièrent de la confiance et veulent aider les autres. »

Mme Lauren est d’accord.

« Les enfants s’entraident dans ma classe. Je dis toujours qu’il n’y a pas une professeure dans ma classe, il y en a dix-huit. Nous voyons que les élèves se sentent capables, parce que le programme d’autoformation leur permet de personnaliser leur expérience d’apprentissage : un apprenant « social » peut profiter de plus de temps avec l’enseignant et aimera faire des vidéos de réflexion, tandis que l’apprenant « autonome » aura la possibilité de choisir son propre parcours et rythme d’apprentissage et aura de l’espace pour apprendre plus indépendamment. L’apprenant « maître » appréciera la rétroaction immédiate qu’il recevra en sachant qu’il a acquis une compétence à chaque étape du parcours, et un apprenant « global » sera motivé par le fait de pouvoir accéder au curriculum au complet. La transparence de l’objectif final aide les élèves à comprendre pourquoi ils apprennent ce qu’ils apprennent. »

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par Aviva Engel, Directrice de la Communication

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