Les vacances d’hiver sont une chose merveilleuse – deux semaines entières de plaisir en famille et de camaraderie. Prendre ses repas ensemble, faire des jeux ensemble, regarder des programmes ensemble et passer tant de moments spéciaux ensemble.  C’est une opportunité incroyable de passer des moments de qualité en famille, sans les entraves de l’école, du travail, des programmes ou des engagements habituels. Mais soyons honnêtes, combien d’entre nous avec de jeunes enfants ne l’ont pas au moins pensé si nous ne l’avons pas exprimé que nous étions impatients qu’ils soient de retour au travail ou à l’école? De quoi nous plaignons-nous? Du chahut et des querelles. Combien puis-je encore supporter? C’est trop de moments collés ensemble! Que les disputes soient causées par de simples désaccords ou de causes plus profondes, elles sont une source de stress pour toute la famille. Bien que la science nous dise que c’est normal et même parfois sain, on ne peut s’empêcher d’espérer qu’un jour viendra où tout le monde s’entendra!

Tous les vendredis soirs, lorsque mon mari pose ses mains sur la tâte de mes fils et le bénit comme le veut la tradition : « D. te fasse devenir comme Ephraïm et Ménaché » (Beréchit 48:20). Pourquoi comme Ephraïm et Ménaché? Nous bénissons nos filles pour qu’elles deviennent comme les Imahot Sarah, Rebecca, Rachel et Léa. Pourquoi ne bénissons-nous pas nos fils pour qu’ils soient comme les Avot? Ou au moins comme Joseph, qui était à un niveau moral et religieux supérieur? Il y a de nombreuses figures illustres dans la Torah qui auraient pu être choisies pour cette bénédiction, mais nous les bénissons pour être comme les deux fils aînés de Joseph. Une réponse à cette question se trouve dans la paracha de cette semaine.

Sur son lit de mort, Jacob donne à ses deux petits-fils un statut égal à ses fils. Lorsque la terre d’Israël a été divisée entre les frères de Joseph, ses fils Éphraïm et Menaché ont reçu leur propre portion de terre et de drapeaux en tant que tribus d’Israël.

Deux explications sont généralement apportées pour répondre à cette question. D’abord, Éphraïm et Menaché étaient les premiers frères dans la Torah à s’entendre. Jusqu’ici, nous avons vu Caïn et Abel, Yitzhak et Ishmaël, Yaacov et Esav et Joseph et ses frères. Éphraïm et Menaché étaient les premiers frères dans notre histoire à ne pas se disputer.

Une deuxième explication, attribuée au Rav Ovadya Hadia, fait remarquer qu’Éphraïm et Menaché ont été élevés par leur mère en Égypte et non dans leur foyer ancestral. Leur domicile était régulièrement fréquenté par des officiers et des conseillers d’Égypte, de sorte que leur enfance et leur éducation étaient presque entièrement égyptiennes. Néanmoins, ils se sont tenus fermement à leur identité religieuse. Ils ont résisté aux influences extérieures et sont restés fidèles aux enseignements de leur père. Éphraïm et Menaché étaient forts, confiants et sûrs de qui ils étaient et de leur mission dans la vie. À tel point que lorsque Jacob a changé la bénédiction, donnant la Bechora – la bénédiction du premier-né, au frère cadet, Éphraïm, il n’y a pas de jalousie entre les frères (Beréchit 48:13-14).

Être une bonne personne parmi de bonnes personnes est un défi, mais maintenir la force de caractère pour résister aux influences extérieures lorsqu’on est entouré par les défis environnementaux de son entourage et de la société est une tout autre chose. Éphraïm et Menaché avaient une compréhension claire de qui ils étaient et d’où ils venaient, ce qui les a guidés tout au long des défis de leur vie.

Le Midrach explique qu’Éphraïm et Menaché représentent les deux qualités de Joseph. Menaché, selon Rachi, était de ce monde, un linguiste talentueux qui travaillait pour le vice-roi d’Égypte. Il représente la sagesse laïque. Éphraïm était un érudit de la Torah, dévoué aux voies de ses ancêtres. « Les deux branches de la sagesse se complètent beaucoup, la sagesse laïque et la connaissance du monde d’une part et la Torah divine avec son orientation éthique et morale de l’autre, et elles doivent même être combinées dans la composition de l’éducation et de la personnalité de chaque Juif » , écrit le rabbin Dr Shlomo Riskin.

La relation entre frères et sœurs a le potentiel d’être parmi les liens les plus profonds qu’une personne puisse établir. Cela peut certainement être difficile, mais, comme l’a dit David Hamelech: « Comme il est bon et agréable pour des frères de s’asseoir paisiblement ensemble » – Hiné ma tov ou’ma’naïm, chevet achim gam yachad (Psaumes 133:1). À quoi le rabbin Jonathan Sacks ajouterait « et comme c’est rare! » Alors que séfer Beréchit touche à sa fin, explique-t-il, nous voyons que les relations sont difficiles, elles sont rarement simples et prennent du travail mais en fin de compte, la famille est un « véhicule de bénédiction ».

Et donc, chaque vendredi soir, nous bénissons nos enfants et leur souhaitons d’avoir une connaissance claire de qui ils sont, d’être confiants, sûrs et défenseurs de leur héritage et de surmonter les défis de la vie avec chaleur et amitié comme l’ont fait Éphraïm et Menaché.

Chabbat Chalom,

Dre Laura Segall
Directrice de l’école

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