La fanfare habituelle célébrant la rentrée scolaire à l’Académie Hébraïque a pris plus d’ampleur cette année. Les membres du personnel, les élèves et les parents ont accueilli le tout premier directeur de l’école depuis 48 ans d’histoire de notre institution.

L’arrivée du Dr Kalman Stein de Teaneck, New Jersey marque le début d’une nouvelle ère à l’Académie Hébraïque, où une équipe de direction formée de Linda Lehrer, directrice exécutive, Shauna Joyce, directrice du primaire et Laura Segall, directrice du secondaire, a fait un travail formidable dans la gestion de l’école depuis le départ du directeur pédagogique en 2014.

Dr Stein occupe un poste d’administrateur scolaire depuis 38 ans. Il était le directeur de The Frisch School à Paramus au New Jersey pendant quinze ans et au cours des deux dernières années il a agi en tant que proviseur. Sous sa direction, Frisch est devenue l’une des écoles les plus respectées en Amérique du Nord. Dr Stein détient une maîtrise et un doctorat en histoire européenne moderne de l’Université Columbia et a aussi été le directeur de l’école Maimonides au Massachusetts et de Hillel Yeshiva High School au New Jersey.

Voici une entrevue avec le Dr Stein :

AH : Pourquoi avez-vous choisi de venir à l’Académie Hébraïque?

Dr Stein : L’automne dernier a marqué ma trente-septième année en tant qu’administrateur d’une école juive, ma dix-septième année à l’école Frisch de Paramus, New Jersey, ma quinzième année en tant que directeur, et ma deuxième en tant que proviseur.  Je m’attendais à être semi-retraité d’ici là lorsque j’ai démissionné de mon poste de direction et que j’ai entamé la dernière phase de ma carrière en éducation juive en tant que consultant pour Frisch et pour une autre école secondaire. Puis, de façon complètement inattendue,  j’ai reçu un courriel d’Alvin Suissa, le président à l’époque de l’Académie Hébraïque. Son message était le suivant : « Nous cherchons présentement un directeur d’école pour l’année scolaire 2016/2017. Nous commençons à peine notre recherche, et votre nom a été mentionné plusieurs fois comme excellente ressource pour ce type de recherche ».

Pendant plusieurs mois, Alvin, Shlomo Drazin, le président actuel, les membres du comité de recherche ainsi que les membres du conseil administratif de l’Académie Hébraïque ont essayé de me convaincre de saisir une dernière opportunité et aventure dans le monde de l’éducation juive. Toutefois c’était ma visite à l’Académie Hébraïque en novembre dernier qui a réussi à me convaincre d’accepter le poste. En résumé, je suis tombé en amour avec l’école en seulement un jour. Lorsque j’ai rencontré les directeurs, les membres du personnel, les responsables et surtout les élèves, il m’a semblé évident que l’Académie Hébraïque est l’institution phare de l’orthodoxie moderne à Montréal. J’ai également compris que ce serait un vrai honneur et plaisir de travailler avec les membres du personnel et les directeurs à monter encore plus haut dans une école aussi remarquable , tout en conservant son unique environnement chaleureux en tant que famille et communauté.

AH : Quelle est votre philosophie pédagogique?

Dr Stein : Pour être honnête, je ne suis pas certain d’avoir une philosophie pédagogique, du moins pas dans le sens de concept théorique que l’on explorerait et évaluerait dans des études supérieures en éducation.  Comme beaucoup d’éducateurs juifs de ma génération, qui en grande partie ont appris et évolué dans le milieu de travail lui-même, mon approche à l’éducation repose principalement sur des décennies d’expérience, d’essais et d’erreurs plutôt que sur l’engagement envers une théorie particulière de l’éducation. Je dirais plutôt que j’ai développé un noyau de principes et de méthodes, qui ensemble forment un environnement scolaire, lequel, je pense, fonctionne le mieux pour toutes les parties prenantes d’une école : les parents, les élèves, la communauté, les membres du personnel et la direction.

Voici donc dans un flux de conscience, quelques axiomes qui se réunissent pour former une bonne école lorsqu’ils sont bien équilibrés et priorisés. Je crois que fondamentalement, toutes les relations entre les membres de la communauté de l’école doivent être basées sur le respect mutuel. Les élèves sont les mieux placés pour savoir s’ils apprennent de manière efficace et s’ils sont encouragés à atteindre leur plein potentiel. Les parents connaissent leurs enfants et devraient avoir leur mot à dire dans leur éducation, mais l’école, qui a formé plus de mille élèves, a souvent des connaissances plus pertinentes de ce qui fonctionnerait le mieux pour un élève en particulier.

Comme toutes les autres entreprises qui reposent sur leurs lauriers, les écoles, aussi impressionnantes soient-elles, sont vouées à l’échec. Elles doivent donc faire de l’introspection constante, s’évaluer, changer et s’améliorer. Ceci est d’autant plus vrai aujourd’hui  où les méthodes qu’on utilise pour acquérir, évaluer, et utiliser l’information changent rapidement. Les écoles qui accueillent les enfants dès leur bas âge jusqu’au secondaire doivent s’assurer que chaque étape du programme éducatif est conçue avec la vision d’un diplômé idéal en tête.

Les élèves méritent d’être exposés aux idées les plus sophistiquées et à un haut niveau de discours intellectuel. Chaque élève est unique, donc une bonne école est celle qui répond aux besoins individuels, en termes de forces et de faiblesses, de chaque enfant. La poursuite de l’excellence n’est pas simplement le hashtag d’un compte Twitter, c’est quelque chose dont tous ceux qui œuvrent à l’Académie Hébraïque tous les jours devraient viser à atteindre. La métrique clé d’une bonne école est l’apprentissage, pas l’enseignement. Le but n’est jamais de donner une bonne leçon, au contraire, c’est la facilitation de l’apprentissage et d’un désir d’élargir ses horizons qui sont de mise. Imaginez s’il n’y avait jamais de défis intéressants dans votre travail.

L’orthodoxie moderne raisonnée et constante n’est pas facile. C’est un défi pour bien des adultes et des adolescents, toutefois c’est un mode de vie spirituellement gratifiant. Les écoles orthodoxes modernes doivent donc aider les jeunes hommes et jeunes femmes à voir et à apprécier ce mode de vie comme authentique et significatif, et non un compromis insipide. Les enfants heureux apprennent mieux et sont plus ouverts à accepter ce qui leur est présenté. Ceci est particulièrement vrai pour les adolescents dans les écoles juives. Ils décident souvent combien ils aiment ou n’aiment pas le judaïsme en fonction de combien ils aiment leur école.  Il revient donc aux écoles d’une part d’osciller entre maintenir les plus hauts standards académiques et encourager le travail acharné, et d’autre part de ne pas priver les élèves de leur enfance et de favoriser le respect et l’affection pour l’école et sa mission.  Avoir un peu de plaisir et montrer aux élèves que l’école se soucie de leur bien-être, en dit long.

Cet ensemble d’idées, et bien d’autres beaucoup trop nombreuses pour s’inscrire dans une seule entrevue se retrouvent dans un cristal complexe à travers lequel toutes les politiques et les méthodes, anciennes et nouvelles, sont filtrées et évaluées et deviennent les principes fondamentaux d’une école efficace et passionnante.

Nous souhaitons Mazal Tov et Hatzlacha Rabba à Dr Stein dans ses nouvelles fonctions, et nous avons hâte de passer une merveilleuse année avec lui!

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