Albert Einstein, Leonardo DaVinci et Benjamin Franklin ont tous partagé quelque chose en commun. En fait, Rachi, le Rambam et Shlomo Hamelekh aussi. La vérité est que c’est aussi quelque chose que nous avons en commun avec ces illustres personnages de l’histoire. La réponse est 168. Si 168 vous dit quelque chose, alors bravo! Vous faites partie des millions voire des milliards de personnes qui recherchent le secret toujours illusoire de la gestion du temps.

168 est le titre d’un livre Laura Vanderkam, gourou sur la gestion du temps. Le principe est que chacun d’entre nous dispose de sept jours de 24 heures par semaine, pour un total de 168 heures. Comment nous utilisons ce temps dépend de nous, mais « nous avons plus de temps que nous le pensons ».   Certes, nous n’avons peut-être pas tous l’intelligence, la sagesse ou les talents de certaines de ces personnes, mais le volume de leur travail indiquerait quelque chose au-delà d’un simple talent inné. La manière dont ils ont utilisé ce temps a laissé un héritage qui demeure au-delà de leur vie mortelle.

Parachat Hayé Sarah raconte le décès de Sarah Iménou : « La vie de Sara fut de cent vingt-sept ans; telle fut la durée de sa vie » (Berechit 23:1). Comme il n’y a pas de mots ou de lettres superflus dans la Torah, on s’étonne de la répétition du mot « années » dans ce passouk. Rachi commente que toutes les 127 années étaient aussi bonnes les unes que les autres. Par “bonnes,” Rachi veut dire “productives”. En fait, sa vie était si bien vécue que ses descendants ont continué de profiter de son mérite.

Un midrach célèbre raconte l’histoire de la réaction de Rabbi Akiva envers un élève qui s’est endormi pendant in chiour. Le rabbi a changé de sujet et a demandé si quelqu’un savait pourquoi Esther avait été digne de gouverner plus de 127 provinces. Il a répondu qu’Esther, descendante de Sarah, a mérité une province pour chacune des années de la vie de Sarah. Son message à l’élève endormi était que la manière dont on passe les moments de sa vie a des répercussions sur les générations à venir. Par conséquent, il faut considérer attentivement les moments que l’on gaspille.

Le Talmud enseigne que celui qui est juste, qui remplit ses journées de manière productive et positive, est considéré comme vivant quand il est mort. Inversement, celui qui gaspille son temps sur terre avec de la négativité est considéré comme mort quand il est vivant. L’influence de la vie de Sarah dépasse de loin ses 127 ans. La Torah tient compte de la durée de sa vie pour souligner l’importance qu’elle a accordé à chacune de ses journées, de telle sorte que ses descendants ont continué de profiter en son mérite pendant des générations.  Comme l’écrit le rabbin Frand, « on peut vivre plusieurs années sans que les jours s’additionnent ». Pour Sarah Imenou, 100 ans, plus 20 ans, plus sept ans ont véritablement compté!

Plus loin dans la paracha, nous lisons, « Or Abraham était vieux, avancé dans la vie; et l’Éternel avait béni Abraham en toutes choses » (Berechit 24:1). Non seulement cette formulation est redondante, mais la manière dont elle est exprimée est étrange. Rabbi A. Twerski, médecin et rabbin, a rencontré de nombreuses personnes vers la fin de leur vie. Comme on peut s’y attendre, de nombreuses conversations ont commencé par « et si seulement… » Que ce soit pour corriger une faute, pour effacer un événement du passé, ou pour avoir consacré du temps pour les « choses importantes », beaucoup donneraient n’importe quoi pour avoir la possibilité de revenir en arrière. Rav Twerski explique que lorsque Abraham Avinou a vieilli et est devenu « avancé dans la vie », ceci veut dire qu’il n’avait aucun regret. Il avait vécu une bonne vie pleine de sens et avait profité de chaque jour au maximum. « Abraham défaillit et mourut, dans une heureuse vieillesse, âgé et satisfait » (Berechit 25:8). Peut-il y avoir plus grande satisfaction que d’avoir vécu une vie que l’on peut regarder avec contentement et sans regret?

« Avancé dans la vie » n’implique pas nécessairement que chaque jour était rempli de découvertes, d’événements, de miracles ou d’occurrences révolutionnaires. Tant que l’on grandit, que l’on s’améliore et que nous nous mettons sur la bonne voie, les jours “avancent”. Dans un Dvar Torah récent, le rabbin E. Greenbaum suggère que les gens perdent leur temps car ils ne sont pas convaincus que ce qu’ils font est important. D’après lui, il s’agit d’un manque d’appréciation de notre mission dans la vie. Hachem ne nous demande pas d’être le prochain Einstein ou Rambam. Il nous demande de vivre pleinement notre potentiel et de tirer le meilleur parti des cadeaux que nous recevons.

Le rabbin Chaim Pinchas Scheinberg, considéré par certains comme le Chafetz Chaim de notre génération, prendrait un moment chaque jour pour réfléchir à la façon dont il passait son temps. S’il lui arrivait de ne pas atteindre son potentiel, il pleurait amèrement.  Ne voudrions-nous pas en faire autant et pleurer les moments perdus plutôt que lorsque nous vieillissons? Chaque jour, chaque moment nous présente une opportunité unique (Zohar 121). Par conséquent, nous devons saisir chaque instant et le vivre pleinement.

Abraham et Sarah sont un exemple de la puissance d’une vie bien vécue! Il ne s’agit pas de gérer le temps, mais plutôt d’identifier les priorités et de faire en sorte que les moments comptent. Puissions-nous tous avoir le zechout de vivre une vie pleine avec satisfaction et sans regret.

Chabbat Chalom,

Dre Laura Segall
Directrice de l’école

 

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