Ma première introduction au concept de «libre arbitre» a eu lieu au début du secondaire. Un des élèves de la classe a demandé à notre professeur comment il était possible d’avoir un libre arbitre si Hachem savait tout, y compris ce qui se passera dans le futur. M. Benabu, notre professeur, a donné l’explication suivante: Vous pouvez penser à votre vie comme à un film sur vidéocassette (oui, je sais, je me vieillis). Hachem a déjà vu le film jusqu’à la fin, mais il ne contrôle pas plus ce que font les « acteurs » que vous ne le faites lorsque vous regardez un film que vous avez déjà vu. Les «acteurs» du film sont libres de faire leurs choix et de déterminer le résultat, mais le spectateur sait déjà comment cela se terminera. Une réponse simple mais très profonde.

Dans Parachat Nitzavim, Hachem offre au peuple juif un choix: « Aujourd’hui, j’appelle le ciel et la terre comme témoins contre vous que je vous ai présenté la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisissez donc la vie pour que vous et vos enfants puissiez vivre » (Dévarim 30:19). Rachi explique que Hachem nous indique ce qui est bon et ce qui est mal, mais c’est à nous qu’il appartient de choisir le bon chemin. Mais sommes-nous vraiment libres de faire ce choix?

Mon camarade de classe précoce n’était pas le seul à poser de telles questions. Le Talmud (Sotah, 2a) enseigne que selon ses actes, un homme trouvera son partenaire. Selon Rachi, cela signifie qu’un homme juste sera apparenté à une femme juste et un homme mauvais le sera à une femme mauvaise. Nous apprenons aussi un peu plus loin que ce couple est formé 40 jours avant la naissance de l’enfant. Si Hachem choisi le compagnon de l’homme selon ses actes, alors où est le libre arbitre de choisir? La bonté ou la méchanceté sont-elles prédestinées?

Plusieurs commentateurs, y compris Rachi et le Ra’avad (le rabbin Abraham ben David), affirment que Dieu connaît les circonstances de la vie de chaque personne et les défis auxquels elle sera confrontée, et non des choix qu’elle fera. Le Rambam adopte une approche différente, suggérant que le divin est au-de

là de nos connaissances. Selon lui, c’est un article de foi. En vérité, aucune de ces réponses n’est vraiment satisfaisante.
Je suis récemment tombée sur un Dvar Torah du Rav Yeshaya Elazar dans lequel il partage l’analogie d’un jeu d’échecs entre un novice et un grand maître. Alors que le grand maître peut connaître toutes les permutations possibles de chaque mouvement et peut prédire l’issue du jeu en fonction des mouvements de l’adversaire, le novice est toujours celui qui effectue tous les choix à chaque tour. La disposition des morceaux du jeu n’est que la circonstance à laquelle le joueur est forcément confronté à chaque fois.
Le sujet du libre arbitre préoccupe depuis toujours les rabbins, les théologiens et les philosophes. Il est évident que ce n’est pas un sujet qui pourra être résolu ici dans cet espace restreint. Cependant, nous pouvons croire que chacun de nous a la capacité de s’élever au-dessus de nos circonstances. Il y a de l’espoir!

Après toutes les malédictions contre lesquelles Hachem nous a mis en garde, après 40 ans d’épreuves et de tribulations dans le désert, Moché leur rappelle « Atem Nitzavim hayom kulchem », vous vous tenez tous ici aujourd’hui (Devarim 29: 9). Il n’y a aucun besoin de désespérer. Hachem est là pour nous si seulement nous choisissons ce chemin.
Le Rabbi d’Izhbitzer a estimé que c’était l’essence même de l’identité juive. Le nom même de notre peuple, Yehoudim, vient de Judah. Rappelons-nous que lorsque les frères ont comparu devant Yosef en Égypte pour faire face à l’accusation de vol, c’est lui qui a décidé de les défendre. Quand tout semblait perdu, il n’a pas désespéré. Il n’a jamais perdu espoir. (Beréchit 44:18).
Que nous comprenions vraiment ou non le libre-arbitre, c’est un principe qui est au cœur de notre foi. Nous sommes libres de faire des choix dans la vie, de surmonter les circonstances ou les obstacles sur notre chemin, de lutter pour une vie meilleure, plus proches de Hachem, de nos familles et de Klal Israël. Nous sommes libres de faire compter le temps que nous avons ici. The chemin est clairement tracé pour nous. C’est à nous de l’emprunter.

Je souhaite à tous un Chabbat Chalom et Chana Tova Oumetouka.

Dr. Laura Segall
Diréctrice de l’école

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